IN PASSING

KATANIA®AN

Lorsque Regan avait supplié un de ses nombreux amis travaillant pour le gouvernement américain de l’aider à se sortir d’Oklahoma City, la brune avait envisagé une vie un peu plus glamour, dans une ville qui ne dormirait jamais, dans un état où il n’y ferait pas nuageux la majeure partie du temps. Cela dit, toute réflexion faite, le type lui ayant affirmé au téléphone qu’un poste de procureur se libérait dans l’état de Washington il y a déjà un an de cela n’avait pas été vraiment un ami – et plus un fils à papa dont les études avaient été médiocres mais qui obtenait les meilleurs postes possibles de part les relations de sa famille. Il n’avait pas vraiment été un ami, mais la proposition la sortait d’une routine pathétique à laquelle elle s’était habituée. Être la meilleure avocate d’Oklahoma, c’était lassant. L’Oklahoma n’était pas assez réputé. Oak Harbor l’était encore moins, son seul attrait – Et cela, Regan l’avait très vite appris en y vivant depuis douze mois – était sa proximité avec Seattle. Alors, Regan cherchait rarement plus loin, et ne connaissait réellement de la ville que son poste de police, sa mairie, sa cour municipale de justice et son ferry. Certainement pas, donc l’école primaire. Pourtant, la femme était belle et bien perchée sur ses talons haut devant ce bâtiment, attendant avec le peu de patience dont elle était capable que la cloche ne sonne la fin des cours. Elle jeta un coup d’œil à sa montre hors-de-prix, passa un revers de main distrait sur son tailleur bleu marine pour en enlever des plis imaginaires, regarda sa montre une nouvelle fois, puis fini par faire un pas en avant et se diriger vers la porte. Elle avait mieux à faire qu’attendre un concept aussi fumeux que la fin des cours, et n’avait que peu de considération pour les têtes bien vides des enfants assis dans ces salles de classe. Pour une fois qu’un crime avec récidive arrivait à Oak Harbor, perturbant le calme des dossiers traitant de graffitis sur des murs ou de renversement de poubelles avec récidive, Regan espérait bien pouvoir récupérer le dossier à la première opportunité. C’était douteux, en soit, mais autant se préparer pour pouvoir ainsi régler le tout rapidement. Le seul regret de la procureur était qu’il n’y ait pas eu plus de morts ou de blessés. Des morts ou des blessées, cela faisait toujours bien sur un dossier, pour amadouer les jurés.

Arrivant à la porte, la brune l’ouvrit d’un geste souple, rapide, et rentra dans l’école, ses talons claquant contre le sol. Elle jeta un regard d’ensemble sur le couloir, retroussa son nez de dégoût, mais ne s’arrêta pas jusqu’à avoir trouver un signe de vie – Une personne humaine – sur son chemin. Les écoles lui rappelaient un enfer bien trop particulier. Les gosses, c’était cruel.
Elle se racla la gorge pour attirer l’attention de l’employé en face d’elle, lui lançant un regard pointé derrière ses yeux verts. « Je cherche Katania Andersen. On m’a informé qu’elle travaillait ici. » La voix de Regan était cassante, n’invitant pas à plus de conversation qu’elle ne le tolérait déjà. A dire vrai, personne ne l’avait informé que l’une des victimes travaillait ici. Un simple coup dans les registres de la ville, sans besoin d’un seul contact humain, suffisait amplement à cette tâche. Rien, en soit, que l’employé ait vraiment besoin de savoir. L’homme cligna des yeux, la regarda de haut en bas alors qu’elle arquait un de ses sourcils d’une impatience indéniable, puis il pointa dans la direction d’une des salles de classe. Regan lui adressa un simple et sec hochement de la tête en guise de remercîments superficiels avant même qu’il n’ait le temps de laisser parler les mots qu’il avait sur le bout des lèvres de sa bouche entre-ouverte. Pas le temps, pas l’envie, pas l’intérêt de converser avec un homme dont Regan ne se souviendrait probablement pas dans quelques jours. L’avocate lança un nouveau coup d’œil à sa montre. Midi moins une. Dix secondes passèrent. Midi.

Regan se résolu à attendre cinq minutes avant de toquer, dans un semblant de respect pour la mission d’enseigner de cet établissement. Cinq minutes plus tard, donc, la brune toqua et ouvrit la porte pour rentrer dans la salle de classe sans attendre une quelconque invitation à le faire. « Mademoiselle Andersen ? » Elle s’autorisa un sourire commercial qui n’alla pas jusqu’à ses yeux. « Navrée de vous déranger – » Oh, Regan n’était pas navrée. « - Je suis Regan Hart, procureur d’Oak Harbor – » S’en était presque à supposé qu’elle n’était pas connue en ville justement grâce à cette même profession, grâce au fait qu’une parfaite étrangère ait obtenu une place de choix dans le système gouvernemental et judiciaire de la ville. Cela dit, la politesse voulait qu’elle se présente – Et, à midi, Regan n’était pas encore à un point de sa journée où elle délaissait complètement les politesses. « - Je souhaiterais vous parler des attaques dont vous avez été victime. »

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Kataniagan

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KATANIA & REGAN

Un remontant ? Regan ne pût empêcher le ricanement dubitatif qui sorti de sa bouche. A moins, bien sûr, que la professeur des écoles ne soit entrain de suggérer prendre un Irish Coffee durant sa pause de midi – et donc, par conséquent, risquer de fausser son témoignage par l’alcool et de retourner en cours face à ses élèves avec le-dit alcool dans le sang -, un café n’avait rien de ce que l’avocate qualifierait de remontant, ou même de parfaitement confortant. Si elle voulait du confort, c’était un de ces immondes chocolats chauds trop sucrés qu’il fallait prendre – Regan n’avait jamais compris le concept. Un chocolat chaud devait avoir une dose indécente de cacao pur, pas d’un truc sucré qui retirait tout l’effet chocolaté – pas un café. Le remarque mourût contre ses lèvres d’un vieux rouge, qui s’étiraient en un sourire sarcastique qu’elle ne prit même pas la peine de masquer. Elle saurait ravaler sa remarque pour la peine d’avoir obtenu exactement ce qu’elle voulait, sans y être théoriquement accrédité. C’était là tout le fun d’être procureur – Il suffisait de nommer sa profession et la majeur partie de la population était subitement convaincue que vous agissiez dans leur intérêt, et avec tout les droits légaux nécessaires pour ce faire. Des droits légaux, Regan n’en avait théoriquement pas encore – Pas dans ce cas là. Elle était convaincue que ce n’était qu’une affaire de temps, de procédure administrative réalisée par des imbéciles fonctionnaires se croyant importants derrière leur petit bureau avec une porte à leur nom. Une fois cela fait, elle aurait tout le loisir de connaître le cas en long en large et en travers – et d’accélérer la procédure judiciaire. Celui ou celle servant d’avocat au criminel avait déjà eu largement le temps de préparer une défense tenant debout face à un tribunal, soit trop de temps.

Regan suivit donc la femme jusqu’au Starbuck, où elle jeta un bref coup d’œil au barrista en claquant ses ongles lacqués d’un vernis rouge vif – toujours rouge vif – sur le comptoir. « Un cappuccino, venti, et un double expresso. Les deux avec vos grains venant du Kenya et pas le café générique. » Le café générique était immonde. Le sourire commerçant du barrista restait figé sur son visage. « Et quelque chose à manger avec ça ? »  Face à cela, Regan arqua un de ses sourcils, mordante. « Est-ce que j’ai l’air de manger quoi que ce soit ? » Cracha-t-elle, sèchement et sans aucun regard pour le fait que la rhétorique était affreusement mal tournée. Le barrista cligna des yeux face à la remarque, comme se demandant quelle était la procédure à suivre face à une cliente infecte et ayant fait une remarque de très mauvais goût, puis se décida pour lui annoncer le prix, que la brune paya rapidement avant de récupérer ses deux boissons et de venir rejoindre Katania à la table qu’elle avait choisit.

« Tout. Je veux tout savoir. Même les détails les plus sordides, ceux que vous pouvez penser inutiles, et – cela vous dérangerait-il que nous soyons enregistrées ? » Demanda-t-elle, en sortant machinalement son dictaphone. Simple procédure. Un enregistrement pouvait avoir une valeur légale face à une Cour. Cela dit, après une bref milliseconde de réflexion, Regan ajouta, pour bonne mesure - « Avant toute chose, je suis dans l’obligation de vous dire que l’affaire n’est pas encore entre mes mains, mais que je comptes tout faire pour qu’elle le soit et envoyer votre agresseur dans une des prisons d’Etat si possible le plus loin de Oak Harbor. » Il allait déjà bénéficier de l’argent des contribuables, on allait pas en plus lui permettre de rester près de chez lui. « Commencez par le commencement. J’aurais des questions après votre récit. »

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