NOM(S) † Hart PRÉNOMS † Regan (de regere (latin - « gouverner »), et rex, regis, regina (latin - « roi, reine ») ) ; Karla (force, virilité) SURNOMS † Essayez donc de lui en trouver un, pour voir. DATE & ÂGE † 16 mars, 39 ans. LIEU DE NAISSANCE † San Francisco, Californie. NATIONALITÉ † Américaine, d’origine anglaise par sa mère, venant d’Oxford (la ville, et non l’Université). MÉTIER/ÉTUDES † Avocate, procureur récemment mutée à Oak Harbor, grâce à ses relations.

SITUATION FINANCIÈRE † aisée. STATUT CIVIL † mariée, n’a plus eu de contact avec son rock-star de mari depuis qu’ils se sont rencontrés et mariés à Las Vegas durant une soirée arrosée en 1999. Trouve les coups d’un soir plus simples que les vraies relations.   GROUPE † Part of your world DE QUEL CONTE EST-T-IL TIRÉ ? † Alice’s Adventures in Wonderland PERSONNAGE † The Queen of Hearts

 •  •  • Regan n’est pas quelqu’un de bien – Il suffit d’écouter ce qui se dit d’elle hors de la Court de Justice pour qu’il n’y ait pas l’ombre d’un doute là-dessus. Egocentrique, rapide à juger les gens, considérant toute personne n’ayant pas sa capacité pour la conversation comme stupide, perfectionniste à tel point que ses exigences sont insurmontables, mauvaise perdante, abhorrant les opportunistes et les fainéants – Regan est le genre de personne brusque, sûre d’elle et cynique qui intimide et rebute. Seulement, on oublie très souvent de dire qu’elle est aussi une personne droite. Son jugement arbitraire des gens, aussi injuste soit-il, lui assure une cohérence certaine, une routine, une structure propre et faisant respecter les lois – toutes sortes de loi. Décidée, plus dans l’action que la réflexion, Regan Hart aime parler, s’entendre parler, et n’a qu’une confiance inexistante en l’humanité, ce qui lui donne malgré tout un certain talent d’observation. Intelligente, acerbe, elle calcule ses plans et abhorre les voir brutalement changer sans son aval ou son contrôle, ce qui la rend d'autant plus redoutable si mise en colère. Regan est une partisane du vite et parfait - Quoi que ce soit dérogeant à ces standards est jugé comme une tare, quelqu'un de stupide. Cette rigueure, de toute évidence, ne se traduit pas bien dans sa vie privée, ou Regan est cruelle, expéditive et facilement ennuyée. Il vaut mieux chanter ses louanges que dire du mal d’elle – quoi qu’elle respectera probablement plus le second que le premier – pour essayer obtenir une quelconque connexion avec elle, puisque Regan n’aide que si elle y voit un intérêt certain pour elle-même, et qu’enfler son égo est donc parfait. Cela dit, la brune peut aussi être une personne parfaitement agréable lorsqu'elle n'est pas frustrée, mise hors d'elle ou sous pression, peut-être justement car sa tendance à tout contrôler assure une conversation plaisante, tant qu'elle va dans son sens et agréable, tant que la femme ne se sent pas prise au piège. Lorsque c'est le cas, malheureusement, sa tolérance et son calme sont les premières choses à disparaître. Ses limites sont la deuxième.

† Anti-sociale jusqu’à ce qu’elle ait eu son café du matin † A une très faible tolérance pour les gens, particulièrement lorsqu’ils mentent ou tournent autour du pot † Aime tout ce qui est sucré, salé, ou épicé. Quand bien même elle prétend préféré la cuisine cinq étoile, pouvoir noyer des pancakes sous nappage de chocolat aux brunchs du dimanche, cela n'a pas de prix † Se considère comme intransigeante et magnanime lorsqu’il s’agit de respecter la loi, mais en réalité est partisane de la peine suprême † S’identifie comme pro-port d’arme à feu, et a un placard qu’elle ferme à clé chez elle où elle y range une collection d’armes † A très peu de tolérance pour les gens, point. † Est convaincue qu’elle a un quelconque talent pour le golf sans avoir pris aucune leçon, et possède tout l’équipement, mais en réalité est affreusement mauvaise à ce sport † A passé le barreau à Harvard † vient d’une famille de démocrates partisans de Clinton et a toujours choisis les républicains par pur esprit de contradiction. † est hétérosexuelle (elle a suffisamment de mal avec les hommes, alors les femmes ne l’attirent pas le moins du monde de cette manière là) † Aime aller au zoo, seule, comme si observer la vie sauvage avait don de la calmer † a du mal à manger devant les gens, à cause de son passé. C'est donc bien simple, si Regan mange plus de deux bouchées devant vous ou affirme vouloir mettre un système de traçage gps dans votre téléphone portable, c'est qu'elle apprécie † déteste qu'on lui dise qu'elle ne peut pas faire quelque chose, cela ne fait que la pousser à vouloir le faire † a souvent des sautes d'humeurs, particulièrement dans les moments les moins opportuns. Oui, elle est ce genre de personne qui rit à un enterrement et insulte la mariée lors d'un mariage † Regan est agnostique par croyance, mais athée pour tout autre intérêt † elle n'aime pas rester trop longtemps dans des hôpitaux † triche toujours aux jeux de société - Après tout, ce n'est pas comme si tout le monde ne le faisait pas † n’est pas particulièrement aimable ou honnête en dehors d'une salle de tribunal, mais toujours quelqu’un de confiance † déteste l’odeur du thé, cela lui donne des hauts le coeur † Convaincue d’avoir une tête à chapeau, elle en a pleins qu’elle ne porte jamais † a perdu tout contact avec sa famille † n’a pas d’amis, et n’en veut pas. Tant que ceux la côtoyant sont loyaux, elle n’a que faire de leur amitié † aime enfler son propre égo, jamais ceux des autres † peut être de conseils avisés lorsqu’elle cesse de s’écouter parler † est possessive et matérialiste, elle a même une place attitrée sur son sofa† juge rapidement des gens – A quel point ? Avant même qu’ils n’aient ouvert la bouche † Est en compétition contre elle-même pour avoir le jardin le plus beau de tout Oak Harbor † S’est fait retirer une partie de son estomac pour avoir moins besoin de manger et donc moins de chances de grossir † était persécutée à l’école, ayant des problèmes de surpoids qui ont aussi participé à l’éloigner de sa mère. Lorsqu’elle participa à un programme intensif avant d’entrer à l’Université, cela la décida aussi à couper tout lien non nécessaire avec sa famille † Est obsédée par l’esthétiquement beau ou plaisant, ce qui se traduit tant dans ses goûts en matière de décoration que par sa tenue et ses propos. Pour cette même raison, elle n’aime pas l’Art Abstrait, qu’elle juge pas assez symétrique et pas assez proportionel. † Elle ne déjeune jamais le midi, se contentant donc de petit-déjeuner, pose café, et dîner † Lorsqu’elle s’est réveillée avec la gueule de bois après une soirée à Las Vegas et a fait l’immonde connaissance de son mari, il a très vite décrété qu’elle était complètement barge et névrosée et aurait bien besoin d’un xanax. Elle sait qu’il avait raison, mais refuse d’admettre qu’un parfait iconnu† Souffre de troubles obsessionnels compulsifs (action de systématiquement jouer avec des objets, les déplacer sans raison apparente en invoquant un manque de symétrie dans sa position initial, particulièrement évident dans des situations directes de stress. Lorsqu’aucun objet n’est en vu, répétition de ce comportement avec les personnes et, le cas échéant, fait une fixation sur le fait que quelque chose n’est pas symétrique, pas beau, plus que sur le problème direct), troubles de la personnalité paranoïaque (s’attend constamment à ce qu’on l’utilise, sans raison apparente, et se justifie par l’interprétation erronée du comportement d’autrui, un manque cruel de confiance en toute personne de son entourage, et une rancune persistante et parfois sans raisons) et perfectionnisme extrême. Cela dit, Regan refuse catégoriquement se recevoir une quelconque aide, préférant préserver sa carrière, et pratique donc l’automédication en période de stress intense – Ce qui ne fonctionne pas forcément, et relève plus de l’effet placebo qu’autre chose † Google fréquemment celui qui est encore son mari pour vérifier s’il est encore en vie et sait qu’elle devrait probablement tenter de lui envoyer une demande de divorce, mais être mariée repousse énormément d’hommes et lui donne donc un certain sentiment de sécurité † que ce soit chez elle ou dans son lieu de travail, elle a toujours un bouquet de douze roses rouges, pas plus et pas moins, qu’elle remplace régulièrement – Parce qu’elle aime la couleur rouge. † Dans Titanic, elle supportait l’Ice-berg † Boit toujours un – ou deux, ou trois, ou quatres…- verre le soir, lorsqu’elle est enfin seule chez elle † N’a jamais mit les pieds en Angleterre, malgré ses origines

VOTRE PSEUDO ∞ matty ? maddie ? je ne sais pas x) VOTRE PRÉNOM ∞ Mathilde UN PETIT SURNOM QUI VOUS COLLE AU TEINT ? ∞ voir la partie ‘votre pseudo’, puisque je ne sais de toute évidence pas répondre bien à ces questions   RÉGION/PAYS ∞ Pour l’instant Espagne. Généralement, Angleterre. VOTRE ÂGE ∞ 20 ans SCÉNARIO ? ∞ non COMMENT AS-TU CONNU LE FORUM ? je cherchais un forum comme cela et, dans mes érrances sur google, vous ai trouvé. CRÉDITS ∞ tumblr

Code:

<pris>Rachel Weisz</pris> ~ <perso>Regan K. Hart</perso>

San Francisco, Californie ; décembre 1992

Un sanglot retentit contre les murs de l’une des chambres de la maison Hart. Cela dit, rien ni faisait – sanglot, cris, oignons… Regan n’arrivait tout simplement plus à pleurer sur ce qu’elle-même définissait comme sa misérable existence. Elle aurait du dire quelque chose de poétique, préciser qu’elle avait verser toutes les larmes dont son corps était physiquement capable ou autre cliché dépeignant à la perfection le mal être intérieur qu’elle pouvait ressentir. Seulement, cela aurait été un mensonge – Un affreux mensonge. Si Regan n’arrivait plus à pleurer, ce n’était pas car elle en était physiquement incapable. Elle était juste devenue blasée face à sa propre douleur, hermétique. Un étage plus bas, ses sœurs Leonie et Fiona étaient entrain de rire face à un jeu télévisé où des candidats plus stupides les uns que les autres s’enchaînaient, du style de Born Lucky. Si elle avait eu le choix d’émission, alors peut-être Regan serait-elle en face du poste de télévision familial à regarder La Famille Addams, au lieu de se morfondre dans sa propre solitude et la vie bien plus passionnante, bien plus facile de ses sœurs cadettes. A dire vrai, Regan ne pouvait aussi pas supporter l’idée qu’un candidat quelconque gagne un prix pour n’avoir rien fait d’exceptionnel – Elle, elle ne gagnait rien, malgré tout ses efforts. Apuyant sa tête contre le mur juste à côté de sa porte, Regan engouffra une nouvelle bouchée du chocolat qu’elle gardait illégalement dans sa chambre en se promettant que ce serait la dernière – cela ne l’était jamais – et se complaisant dans le fait que ses parents travaillaient bien trop et aimaient bien trop leurs privilèges pour porter une quelconque attention à la vie de leurs enfants plus en profondeur que ce qu’ils voyaient sur la surface. C’était certes injuste, blessant, mais cela aurait probablement été plus horrible s’ils avaient su que sa situation au lycée était ponctuée d’insultes et d’humiliation leur donnant raison. Cela aurait été plus grave s’ils avaient su que parfois – parfois – les rires des autres devenaient tellement insupportable qu’en retour, Regan s’arrangeait pour leur faire mal, et écopait d’une longue liste d’heures de détentions qui, au moins, avaient le mérite de lui donner du temps au calme, pour se préparer pour l’Université. Et bien sûr, Regan savait qu’on ne devait pas faire de mal à son prochain, mais son prochain ne lui avait pour l’instant pas donné de bonnes raisons de ne pas lui faire du mal. Une fois à l’Université, se promit-elle, cela changerait. On accorderait de la valeur à son intelligence plus qu’à son physique.
En attendant, un autre bout de chocolat ne pouvait pas lui faire de mal, pendant qu’elle s’imaginait milles et unes manières d’être acceptée dans ce nouveau monde qui s’ouvrirait bientôt à elle et dans lequel elle se jetterait sans regarder en arrière.

Dans le fond, ce que Regan voulait – plus qu’une adoration et reconnaissance absolue -, c’était d’effacer tout doute qu’elle était une incapable de l’esprit des gens. Elle ne leur permettrait pas de le penser, ne leur en donnerait plus l’occasion. Et si être capable signifiait être grande et mince, alors c’est que qu’elle se forcerait à devenir.

The Venetian, Las Vegas, Nevada ; juillet 1999

Une douleur lancinante sembla lui briser le crâne en deux. Elle grogna, une fois, puis grogna encore lorsque le grognement précédent ne réussit qu’à lui rappeler la vive douleur à son cerveau. Regan ferma les yeux le plus fort possible, comme si se rebeller contre son corps lui permettrait de mieux se souvenir des évènements de la veille. Tout va bien, j’ai le contrôle. Je n’ai pas envie de dégurgiter tout le contenu de mon estomac sur le tapis parce que cette chambre empeste. Du moins, la jeune femme supposait que c’était une chambre – Le matelas qu’elle sentait sous son ventre et les couvertures lui tenant bien trop chaud étaient de bons indices quant à cela. Si j’ai foiré le barreau, j’pourrais toujours devenir détective privée, pensa-t-elle distraitement avant de se rendre compte de l’amertume que lui donnait cette pensée. Elle ne pouvait pas avoir échouer. Si elle avait échoué, son père – Donald Hart, prestigieux avocat à la défense de l’Etat de Californie – ne le lui laisserait jamais oublié. Elle serait la risée de la famille, la rature, celle à qui on donnait de l’argent par pitié tout en lançant d’acerbes conseils passif-agressif dans le but de la faire rentrer un peu plus dans un moule préconçu. « Tu es sûre de vouloir manger cela, Regan ? Il y a de la crème dans cette pâtisserie, et on sait tous que la crème n’est pas bonne pour les gens comme toi. » La voix doucereuse, savant mélange de saccharine et de cyanure – pas de sucre. Eleanor avait banni le sucre de sa maison parce que « avec une fille aînée grosse et dont on ne peut rien faire, le sucre est l’ennemi numéro un ! » - résonna dans l’esprit de la jeune femme et l’espace d’un instant elle se sentit étouffer sous ses couvertures lourdes, pesantes, comme un tas de graisse tentant de l’ensevelir à tout jamais.
Elle ne pouvait pas retourner à San Francisco. Jamais. Paradoxalement, c’était pour cela – Et non pas pour rendre à la fois fier et furieux son paternel – que la jeune femme se devait d’obtenir le barreau. La seule manière pour que Donald comprenne enfin que sa fille aînée n’était pas qu’une boulote bonne à rien était de le prendre à son propre jeu, de devenir meilleure que lui par ses règles. Ses règles, c’était le Code Civil. On en venait à Harvard – En fait, on en venait au camp d’été semblant plus à un camp de torture qu’autre chose, durant lequel Regan avait miraculeusement perdu ses nombreux kilos en trop. Ça, c’était sa revanche contre sa mère. Et puis, Harvard, avec une majeure en politique et une mineure en business, pour ensuite intégrer l’école de droit. Elle avait été brillante – Tout le monde le disait. Tout le monde disait qu’elle sortirait valedictorian. Elle avait enfin - enfin - pu passer l’examen du barreau, qui déterminerait toute sa vie, la changeant en une pathétique existence ou un chant de victoire. Et puis, quelqu’un avait suggéré que pour fêter ça en l’attente des résultats, un week-end à Vegas était une idée de génie - « Vegas, baby ! » résonna la voix nasillarde et insupportable de Candice, alors que Kellen, Jack et Aaron chargaient leurs maigres bagages dans deux voitures, pour pouvoir partir à l’aéroport. Regan ne savait même plus pourquoi elle avait accepté – Peut-être avait-ce été le sourire dédaigneux de Kellen lorsqu’elle avait dit qu’elle n’était pas certaine de vouloir venir ou les talents bidons de persuasion d’Aaron qui n’avaient au final fait que l’ennuyer suffisamment pour qu’elle dise oui. Et arrivée à Vegas, le deuxième soir, Candice s’était approché d’eux alors que Regan s’apprêtait à s’essayer au Blackjack, décrétant qu’elle avait gagné trois tickets VIP pour un concert de rock et qu’elle n’emmenait que les filles parce que « on est trop sex ! ». Elle avait attrapé le bras droit de Regan, ses ongles entrant fermement dans sa peau, et l’avait entrainé vers la sortie, Kellen sur leurs talons. Candice n’aurait probablement pas le barreau. La vie de Candice ne serait probablement qu’une succession dérangeante de tentatives ratées de réussir sa vie, pour finir seule à pleurer sur un trottoir poisseux. La maudire aidait un peu pour faire passer la gueule de bois. Alors, elles s’étaient rendues au MGM Grand – Mais ce n’était pas là qu’avait lieu le concert. Elles avaient du monter dans une voiture qui sentait trop la sueur et le tabac et qui n’inspirait rien à Regan pour s’y rendre. Et puis, elle se souvenait des coulisses, de la musique forte et des braillements du chanteur du groupe qu’elles étaient allées voir. Elle se rappelait de Kellen, lui tendant une flasque pour la déridé, se rappelait avoir finit la flasque et fait encore quelques shots pour mieux supporter les cris d’ado pré-pubère que poussait Candice. Au bout d’un moment, elle était presque sûre d’avoir crié, elle aussi. Et puis, plus rien, black out totale si ce n’était pour une voix suave murmurant des paroles incompréhensibles dans son cerveau. Regan enfonça sa tête un peu plus dans le matelas, grogna une troisième fois, rassembla tout son courage et se leva du lit en ouvrant les yeux.

Ce n’était pas sa chambre. Elle en était certaine, car sa chambre n’était ni aussi grande, ni aussi luxueuse. Elle avait accepté de la partager avec Kellen et Candice, raison pour laquelle elle empestait le Channel Numéro 5, seul parfum par lequel jurait Kellen. Cette chambre-ci empestait l’alcool, la sueur, le tabac. Elle ne ressemblait pas le moins du monde aux chambres du Treasure Island, là où elle et ceux lui servant d’amis logeaient pour le week-end.

Paniquée, Regan marcha rapidement à la recherche de la salle de bain – ou au moins d’un grand miroir – se rendant alors compte qu’elle était nue, à l’exception de son soutient gorge. Ramassant rapidement ses vêtements, elle finit par trouver la salle de bain, se débattît trois minutes avec les interrupteurs pour ensuite fermer la porte et se regarder dans le miroir pendant de longues, interminables secondes. Elle avait l’air pathétique. Ses cheveux, teint en blond, étaient en bataille contre son visage fatigué et son teint ternis par les excès de la veille. Les cernes violacés qu’elle avait accumulés durant sa période d’intenses révisions étaient d’autant plus prononcé ; elle ne sentait pas bon et ses habits étaient froissés. Au moins, après une inspection minutieuse, la jeune femme confirma qu’elle n’avait pas été assez stupide pour se faire faire un piercing ou un tatouage ridicule qu’elle devrait payer cher pour faire enlever. La seule chose qui clochait – Regan s’en aperçu en s’habillant – était une affreuse bague en plastique vert pomme qui trônait sur son annulaire gauche. Sortant de la salle de bain, déterminée à rentrer auprès de Jack et Aaron avait le peu de dignité qu’elle avait, la future avocate remarqua enfin qu’il y avait un autre corps étendu sur le lit. Elle poussa un cri strident. Le corps bougea. Regan cria de nouveau.

Oklahoma City, Oklahoma ; mai 2013

A peine son correspondant eut-il raccroché de son côté de la ligne que Regan envoya le combiné du téléphone valser sur le mur le plus proche de son bureau, se relevant d’un même coup de la chaise sur laquelle elle avait été assise. Un crac profond retentit, et la femme espéra profondément que cela n’alerterait pas suffisamment sa secrétaire pour qu’elle passe par son bureau pour lui demander si elle avait besoin de quoi que ce soit. Elle avait besoin de devenir juge, voilà ce qu’il lui fallait. Faisant les cents pas dans son bureau à la moquette d’une couleur crème qui semblait se marier parfaitement avec le bordeaux pâle des murs, Regan joua distraitement avec son alliance – Une bague qu’elle s’était achetée elle-même, dès lors qu’elle avait compris le pouvoir qu’être mariée lui conférait -. Elle déplaça l’un des bloques de métaux posé comme décoration sur son bureau de quelques millimètres vers la gauche, pour le remettre à sa place initiale quelques secondes plus tard et jeter le râteau à trois piques de son jardin zen miniature. Elle en rachèterait un qui aurait quatre piques lorsqu’elle aurait le temps – Le nombre impair détruisait l’harmonie précaire de son bureau, et la femme avait besoin d’harmonie. Elle ne s’était pas hissée parmi les avocats les plus efficaces de tout l’Etat d’Oklahoma à peine quelques années après avoir passé le barreau et n’avait pas ouvert son propre cabinet d’avocat deux ans plus tôt en vivant dans le chaos.

Seulement, quelque chose n’allait de toute évidence pas. Sa vie s’effondrait. A trente-huit ans, Regan n’avait plus remis les pieds à San Francisco et avait coupé tout contact avec sa famille toxique, y compris ses deux soeurs cadettes. Elle avait eu tout pour réussir – l’argent, les vêtements de marque, l’immense loft qu’elle n’habitait que très peu. Pourtant, ses résultats n’avaient pas été suffisant pour devenir juge. Elle serra les dents de rage. Elle l’avait tellement voulu, ce job. Elle avait tellement voulu pouvoir enfin passer du côté de la loi qui prenait activement des décisions, qui jugeait des coupables. Elle l’avait tellement voulu, l’avait tellement défendu, et pourtant cela lui avait injustement filé entre les doigts. Cette opportunité ne se présentait que rarement, et elle avait été incapable de la saisir. « De toute manière, tu n’es qu’une incapable. Personne ne voudra jamais de quelqu’un qui passe son temps à se goinfrer de pop-tart et de chocolat au lieu de faire quelque chose de productif. » la hanta la voix de sa sœur cadette, Leonie, et Regan se mordit la lèvre jusqu’à ce qu’elle sente le goût de cuivre de son propre sang sur sa langue, pour s’éviter de hurler. Elle voulait tout détruire, tout balayer, partir de cet état foireux qui, bien qu’ayant toujours la peine de mort, semblait ne pas partager ses idéaux en matière de loi et de justice. On l’aurait fait juge, si cela avait été le cas. Elle n’avait pas gravit les échelons, ne souffrait pas quotidiennement pour que son apparence soit tout aussi parfaite que ses plaidoiries pour être bloquée dans un travail où elle ne pouvait qu’accuser les coupables se cachant derrière le banc de la défense. Elle voulait faire plus, voulait faire trop, voulait prouver à tout ceux la connaissant ne serait-ce que brièvement qu’elle en était capable. Elle voulait tout détruire et recommencer à zéro, briser ce status quo qui ne lui convenait pas, qu’elle ne contrôlait de toute évidence plus assez bien pour obtenir ce qu’elle voulait.

«  Natalie ? » Appela-t-elle au travers d’un interphone, d’un ton plus mesuré qu’elle ne s’en pensait capable à cet instant présent. Sa secrétaire entre-ouvrit la porte du bureau quelques secondes plus tard. « Puis-je vous aider, Madame Hart ? »
« Natalie, vous êtes virée. Partez dès à présent. » Sa voix était froide, cruelle.  
Elle ne pouvait peut-être pas pauser de jugement officiel dans un tribunal, mais elle avait encore le contrôle sur cela. La secrétaire ouvrit la bouche, tenta de protester. « Dehors. » La voix de Regan résonna si fort qu'elle sembla hurler, son visage se tordant durant une fraction de seconde avant que Natalie ne disparaisse.

Regan avait besoin d’un verre, ou peut-être deux. Et puis, elle avait besoin d’une carte de l’Amérique et d’une ville où elle serait tellement inconnue qu’elle pourrait y faire ce que bon lui semblait. Mais d’abord, elle avait besoin de déplacer ce bloque de fer de quelques millimètre à droite, parce que quoi qu’elle fasse, il ne semblait jamais - jamais - être centré par rapport à son ordinateur, contrairement au bloque semblable qui trônait de l’autre côté de son bureau. Et cela – et bien, cela la rendait tout simplement furieuse.    

Oak Harbor, Washington ; présent

Regan inspira profondément puis expira lentement. Une fois. Deux fois. Trois fois. Elle avait envie d’un verre de bourbon et, plus que tout, d’ingurgiter son poids en fraise tagada en repoussant ainsi les maigres limites qu’elle avait imposé à son estomac, des années auparavant. A la place, la brune se releva de son lit, ouvrit la fenêtre de sa chambre à la décoration si méticuleuse, clinique, qu’elle ne semblait pas faite pour un être humain – et encore moins un être vivant – tout en allumant une de ses cigarettes mentholées qu’elle ne fumait que lorsque l’envie de manger sans compter la prenait. Elle voulait simplement des sucreries car elle savait ou en avoir – C’était un désire simple, logique, inutile, et une réaction primaire au cauchemar qu’elle venait de faire. Elle était face à une immonde géante blonde, qui avait l’air d’un de ses terrifiants gamins de films d’horreur et était serrée dans un tablier si blanc qu’il ne présageait rien de bon. A la merci de cette créature infâme, ses mains serraient le corps chétif d’un homme roux, mou, tremblant et ressemblant affreusement à un de ses voisins avec qui elle avait travaillé ici, à Oak Harbor. Cela n’avait pas de sens. Depuis qu’elle avait été pistonnée jusqu'au poste de procureur d'Oak Harbor et même dans la sécurité plaisante de son nouveau chez-elle ou tout était parfaitement comme elle le souhaitait et donc parfaitement à sa place, l’avocate avait du ne parler que brièvement à l’homme. Le pire, pourtant, n’était pas la présence de ces quasi-inconnus. Le pire, c’était elle, ce qu’elle voyait d’elle – Deux immondes mains grâces, potelées et serties de bijoux. Ce n’étaient pas ses mains – Ce n’était plus ses mains. Ses mains étaient fines, trop courtes pour égaler celles des pianistes mais d’une harmonie sans pareil. Pourtant, dans son rêve – son cauchemar -, Regan était invariablement grosse, ce mot horrible qu’avait tout le temps utilisé sa mère lors de son enfance et adolescence. Tout avait semblé bien trop réel, bien trop dérangeant dans ce rêve.

La femme termina sa cigarette, l’écrasant dans l’un des cendriers près de son lit – Elle le nettoierait une fois habillée. Ce n’était qu’un rêve stupide, et elle avait un travail de consultante à mi-temps auquel se rendre, plus un dossier sur lequel travaillé. Pas le temps, donc, de penser à cela. Pourtant l’idée la hantait – Et le seul moyen de résoudre cela ne peut être que par plus de contrôle.  

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Et surtout, n'oublies pas de RP, flooder et prendre du bon temps !