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Et un poids en moins. Une bonne partie de mes examens sont enfin terminés. Le longues heures passées à la bibliothèque ou en compagnie de mes fiches de révision ont finalement payées. Tant mieux, je n'imagine pas la tête du vieux con si j'arrivais le soir en disant avoir loupé mes devoirs. Tant d'heures en sa compagnie sacrifiées au profit de mon avenir plus ou moins stable, je ne peux pas me permettre d'être médiocre face à cela. Je sors alors de la salle de classe, mon sac de cours sur l'épaule, bien décidé à faire un break après ces nombreux devoirs. Direction le parc de la ville, lieu de méditation et véritable défouloir à mes yeux. Je traverse d'un pas rapide la ville, mon regard se perdant de temps à autre sur certaines vitrines de magasin de vêtements avant de se remettre à la recherche du parc. Après une dizaine de minutes de marche me voilà enfin arrivé devant le portail de ce petit paradis urbain. Un soupire de satisfaction traverse mes lèvres alors que je passe le grand portail, entrant d'un pas léger à l'intérieur de cet espace certes clos, mais assez vaste pour un petit monstre qui a besoin d'espace dans mon genre. Je me met alors à courir, faisant ainsi un premier tour de parc. Courir a toujours été pour moi un bon moyen de faire le vide dans mon esprit, d'oublier les conflits avec Requiem, l'absence de mes parents, les cours un peu trop pesants, mais il n'y a pas que ça. J'ai l'impression de me ressourcer en courant, comme s'il était dans ma seconde nature de courir à vive allure sans raisons, juste pour le plaisir. Ma course se finit brutalement au moment où mon regard se pose sur un chat perché sur la branche d'un arbre. J'observe le félin occupé à surveiller un petit nid d'oiseau se trouvant sous son nez. Allez savoir pourquoi, mais comme un gamin j'ai envie d'aller caresser ce chat, peut-être la faute à Requiem et ses sept chats avec qui je suis obligé de cohabiter. Je grimpe alors à l'arbre sans trop de mal, m'allongeant à plat ventre sur l'épaisse branche pour ainsi pouvoir caresser le matou qui se met immédiatement à ronronner.

« T'es pas sauvage toi...ça se voit. T'aurais grimpé plus haut si c'était le cas. »

Nous sommes à environs deux mètres cinquante de hauteur, pas plus. Un chat sauvage n'aurait pas hésité à grimper au sommet de cet arbre, mais pas ce gros pacha qui finit par me faire face pour venir frotter sa petite tête contre ma joue. Il doit être un peu froussard, comme moi au fond. Si ce chat e serait trouvé un peu plus haut dans l'arbre je ne me serais jamais amusé à grimper, mais la hauteur actuelle me semble correcte et surtout peu dangereuse. Mon regard se perd alors sur le parc, les personnes qui se baladent,les enfants qui jouent dans l'air de jeu, leurs rires arrivant à mes oreilles si clairement que j'ai l'impression d'être à leur côtés. Nouveau soupire. Quelle chance ils ont d'être si heureux, si innocent. Je n'arrive pas à les voir, mais les sourires que leurs parents ont en regardant leur progéniture jouer doivent être une des raisons de la joie de vivre de ces petits monstres. Mes yeux finissent par se poser sur une jeune femme installée sur un banc juste à côté de l'arbre, seule, un livre entre les mains. C'est drôle, elle me rappelle la petite bibliothécaire avec qui je papote tout le temps...Rose, c'est ça ? Oui, oui c'est bien Rose son prénom. Je plisse les yeux, ne lâchant pas la jeune femme du regard. Mais oui, c'est elle ! Un grand sourire illumine soudainement mon visage.

« ROSE ! ROSE ! REGARDE EN HAUT ! Mais non pas le ciel... DANS L'ARBRE ! »

Le chat se met alors à miauler en plissant les yeux l'air de dire « ta gueule gros con tu me fais mal aux oreille ». Un rire s'échappe de mes lèvres quand Rose me remarque enfin. J'égitte la main pour la saluer.

« J'ARRIVE ! Viens mon gros, on descend, laisse les oiseaux... »

Nouveau miaulement du chat qui me regarde descendre de l'arbre avec prudence. Une fois en bas de siffle, appelant le chat qui, apparemment, n'est pas très chaud pour descendre. Je soupire. Les chats ne sont définitivement plus ce qu'ils étaient. J'ouvre mon sac à dos et le met à l'envers de façon à ce qu'il se retrouve sur mon ventre avant de retourner dans l'arbre, attrapant le matou par la peau du cou pour le mettre dans mon sac. Une fois sur la terre ferme je prend le chat dans mes bras en m'approchant de Rose, tout sourire.

« Si un jour ton chat est coincé dans un arbre tu sais qui appeler maintenant ! Oh, pardon...peut-être que tu n'as pas envie qu'on se tutoie. Vous faite jeune mademoiselle Rose. A moins que votre anti-ride  soit magique je ne pense pas que vous ayez plus de la quarantaine et continuer à vous vouvoyer me semble être une insulte pour la jeune femme que vous êtes!»

Tout cela raconté sur un ton faussement snob qui m'arrache un rire franc. Espérons seulement que Rose prenne cela à la plaisanterie. Après tout je ne suis pas très doué avec les femmes et il ne serait pas surprenant de me prendre une réflexion peu agréable si par malheur je suis trop familier avec elle.

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Et une journée de libre pour la demoiselle, une ! En se levant – vers midi – Rose est heureuse de découvrir un ciel clément à travers la fenêtre de sa chambre. Il ne fait évidemment pas très chaud étant donné la saison mais il ne pleut ni ne neige, ce qui est tout de même plus agréable lorsque l'on a prévu d’aller prendre l’air au Hawthorne Park. La jeune fille aime beaucoup passer ses journées de libre dehors, le nez à l’air pur et non pas enfermée chez elle ou ailleurs. Quand il fait beau du moins ! C’est vrai, elle passe la plupart de ses journées enfermée à la bibliothèque et – même si cela est loin de lui déplaire car elle aime énormément son métier – pourvoir parfois respirer autre chose que la poussière ou l’air confiné de la bibliothèque d’Oak Harbor lui fait un bien fou. Par contre, une bibliothécaire reste une bibliothécaire et elle ne sort jamais sans un livre. Ou un des siens – le choix est toujours rude car elle possède énormément de livres tous répartis sur les multiples étagères que l’on trouve dans pratiquement toutes les pièces de son appartement – ou bien un qu’elle a emprunté à son lieu de travail. Oui car la jeune fille est inscrite à la bibliothèque où elle travaille, évidemment, et emprunte parfois un livre ou deux. Pas plus car elle préfère laisser l’avantage aux lecteurs mais il lui arrive de se faire plaisir. Aujourd'hui, donc, c’est un livre de la bibliothèque qu’elle tient entre ses mains et qu’elle enfouit délicatement dans son sac, après l’avoir entouré de papier pour le protéger des éventuelles écornures qu’il pourrait subir à l’intérieur du sac. Le livre s’intitule À travers temps, il a été écrit par Robert Charles Wilson, un auteur de science-fiction américain qu’elle a découvert en arrivant sur le continent, à quatorze ans. C’est la seconde fois qu’elle lit ce livre. L’histoire la transporte  à chaque fois. Tom Winter, un homme somme toute ordinaire, se retrouve soudain témoin de l’extraordinaire. Et le voilà qui voyage dans le temps et l’espace, il y rencontre quelqu'un, il se sent mieux ‘là-bas’. Mais et les paradoxes temporels dans tout ça ? Il faut y faire attention, non ? Surtout que ce n’est pas la seule menace qui pèse sur Tom… Et voilà donc que Rose, n’y tenant plus, sort son livre du papier dans lequel elle l’a rangé et commence sa lecture sur la route qui la mène au parc, en marchant.

Lire en marchant, la jeune fille en a l’habitude et elle ne rencontre aucun obstacle sur sa route, levant les yeux de temps en temps pour regarder devant elle, puis les replongeant entre les pages de son livre la seconde d’après. Elle se retrouve donc sans trop s’en rendre compte devant le grand portail de Hawthorne Park, l’ouvre d’un geste nonchalant et s’arrête devant l’entrée du parc, levant les yeux de son livre. L’ambiance du lieu est tellement agréable ! Les enfants qui courent de partout, leurs éclats de rire, les éclats de voix des adultes et des jeunes venus se ressourcer un peu dans un lieu de nature… Rose lance un regard circulaire autour d’elle et remarque un petit banc de bois aux côtés d’un grand arbre. Elle s’y dirige, s’y assoit en tailleur et rouvre son livre afin de reprendre sa lecture. Très vite, c’est comme si une bulle c’était formée autour d’elle. Les bruits qui parcourent le parc ne sont que murmures à ses oreilles et la jeune fille – littéralement plongée dans sa lecture – semble imperturbable. Enfin… Presque.

« Ose… ROSE ! REGARDE EN HAUT ! Mais non pas le ciel... DANS L'ARBRE ! »

La voilà donc qui lève les yeux vers l’arbre sous lequel elle est assise et qui – après quelques secondes de recherche – aperçoit enfin la source de la voix qui l’a appelée. Elle plisse les yeux et essaye de remettre rapidement le jeune homme qu'elle voit dans son contexte. Il faut dire qu’elle était réellement passionnée par ce qu’elle lisait et que lorsque c’est le cas, il lui est un peu difficile de redescendre sur Terre, surtout lorsqu’elle est tirée de sa lecture de la sorte. Mais ça y est, elle vient de remettre un nom sur le visage juvénile toujours perché dans l’arbre. Il s’agit d’Adam Stone. C’est un lecteur fidèle de la bibliothèque d’Oak Harbor et comme la plupart des lecteurs habitués, il a pris l’habitude de l’appeler par son seul prénom, Rose. En le voyant accroché à sa branche d’arbre, face à un matou, elle a envie de lui crier doucement – oui, elle est la spécialiste des antinomies – de redescendre et surtout de faire attention à lui, par pitié ! Un petit côté maman poule un peu autoritaire qu’elle peut avoir avec les plus jeunes. Et pas forcément qu’avec les plus jeunes, d’ailleurs. Mais surtout avec eux, on est d’accord. Et Adam, si elle se souvenait bien, ne devait même pas avoir vingt ans. C’était un petit bébé, en somme !

Mais pour l’heure, elle n’eut pas vraiment le temps de crier ses instructions à Adam car le jeune homme redescendait vers elle, le chat à l’intérieur de son sac à dos. Elle le regarda faire en souriant, refermant son livre, le repliant dans son papier et le rangeant dans son sac. Une fois le jeune homme et le chat devant elle, Rose lui adressa un sourire et un petit signe de tête en guise de salut. Le chat avait rejoint les bras d’Adam et semblait très calme et en totale confiance alors la jeune bibliothécaire tendit doucement sa main vers lui et lui caressa la tête avant d’écouter le discours d’Adam. Quand il eut fini, elle leva un sourcil et pointa vers le jeune garçon un index faussement menaçant.

« Dis-donc, jeune homme ! J’espère bien que tu me donnes aussi moins de trente ans, n’est-ce pas ? Sinon, tu vas être obligé de me vouvoyer dès maintenant et pour toujours. Ou alors je te jetterais peut-être un sort ! C’est plus drôle, ne crois-tu pas ? En tout cas, tu as pour ordre de me tutoyer ! Et je n’accepterais aucune entorse à cette règle. »

Elle se tut un petit moment, regardant Adam les bras croisés, et parti dans un éclat de rire, suivant le jeune garçon. Bon, certes c’était pour rire qu’elle lui avait dit cela, mais c’était aussi pour essayer de lui montrer subtilement que c’est elle qui détenait l’autorité. Par toutes les étoiles… Elle ne s’en sortirait jamais… Sinon, Adam… Elle l’aimait bien. Déjà, c’était un lecteur assez assidu de la bibliothèque et ça jouait vachement en sa faveur !

« Vous voulez vous assoir, toi et monsieur chat ? » Lui demanda-t-elle en souriant, pointant du doigt le banc sur lequel elle était assise.

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L'air faussement menaçant de la jeune femme arrache un sourire sonore à Adam qui l'a regarde avec douceur et amusement mélangé. Le jeune homme fait alors la moue, clignant rapidement des yeux pour attendrir la jeune bibliothécaire.

« Oh ma douce Rose, me voilà désappointé devant tant de rage et de vigueur venant de la part d'une si jolie demoiselle comme vous ! Je me vois obligé de vous présenter toutes mes excuses, je n'ai jamais voulu froisser votre magnificence avec les mots maladroits que je vous ai soufflés ! Vous me voyez confus comme jamais ! »

Adam lui offre alors une légère révérence, son propre rire accompagnant celui de Rose quand cette dernière finit par perdre toute son « autorité ». Il se remet droit, la regardant avec un grand sourire avant d'accepter l'invitation, s'asseyant à ses côtés. Son nouvel ami félin sort alors doucement du sac, venant renifler la main de la bibliothécaire avant de frotter avec tendresse sa tête contre cette dernière, un ronronnement de bonheur se fait alors entendre.

« Ce petit gars est vraiment affectueux... je crois que je vais le garder, il m'a l'air tout a fait prêt à vivre en collocation avec les autres chats de l'appartement bien qu'il soit sauvage, du moins en apparence. »

Il laisse le chat grimper sur ses propres jambes, se mettant en boule sur ces dernières avant de s'endormir. Depuis toujours une espèce d'alchimie inexplicable existe entre Adam et les chats et aujourd'hui encore cette alchimie se déroule sous les yeux des deux jeunes gens. Adam tourne alors le regard vers le livre que Rose tient entre ses mains.

«  Oh ! A travers le temps ! J'aime énormément ce livre, je l'ai lu quand j'étais ado... en deux jours j'ai une nuit j'ai torché ce livre ! J'arrivais plus à m'arrêter c'est dingue, mon père en avait marre de me voir le nez dans ce bouquin ! Enfin, en général les parents ne sont pas contents de voir leurs gamins plantés devant la télé, moi j'ai toujours eu plus de mal avec les livres qui avaient sur moi des pouvoirs limite hypnotiques ! Enfin, tu as dû connaître ça toi-aussi, les parents qui t'arrachent le bouquin des mains en disant « maintenant tu manges et tu nous parles de ta journée au lieu de nous embêter avec ce livre ! »

Le jeune homme lâche un rire alors qu'il glisse une main dans son sac, en sortant un paquet de cigarette qu'il tend à Rose après avoir allumé l'une d'elles qu'il porte lentement à ses lèvres.

« Tu en veux une ? Si l'odeur te dérange dis-le moi. Alors, mis à part ça tu vas bien ? Ma présence et celle de ce gros pépère ne te dérange pas j'espère. Dis-moi Rose... j'avais une petite question à te poser...dans le rayon théâtre de la bibliothèque il y a un livre très intéressant dont le nom m'échappe. Tu sais il est assez massif et ancien, un des rares livres de ce rayon qu'on ne puisse pas emprunter. Il y a plein d'annotation hyper intéressantes d'un metteur en scène à l'intérieur de ce livre, mais il y en a tellement que je n'arrive jamais à toutes les noter avant la fermeture de la bibliothèque... »

Il inspire et tourne la tête vers Rose, lui adressant un magnifique sourire.

« Bref, je me lance à l'eau : j'aimerais savoir s'il serait possible de l'emprunter ne serais-ce que pour une UNE NUIT. J'aimerais beaucoup faire une proposition de création théâtrale à mon professeur de théâtre, mais pour ça j'ai besoin de renseignements sur la mise en scène et ce livre...ce livre c'est limite une bible !  Le Saint Graal quoi ! J'osais pas te e demander à la bibliothèque devant tout le monde... mais là je me sens pousser des ailes. Si tu refuses je le comprendrais, mais ce projet est très important à mes yeux...alors...je comptais un peu sur ton aide.»

Et le voilà en train de faire une nouvelle moue de chien battu. Incorrigible sale gosse qu'il est.

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Le petit manège d’Adam amusait grandement la jeune bibliothécaire qui le regardait en souriant. Il y avait en lui quelque chose d’encore très enfantin, aux yeux de Rose, qui lui donnait une fraîcheur tout à fait particulière, tout à fait plaisante. C’était le genre de personne avec qui elle aimait bien passer du temps, à qui elle aurait pu donner le bon Dieu sans confession si elle avait été croyante ou tout simplement moins méfiante vis-à-vis de ses semblables. Son petit discours et sa petite révérence firent voler en éclat tout semblant d’autorité et elle éclata de rire à la suite du jeune garçon, avant de l’inviter à s’assoir à ses côtés en compagnie de son nouveau compagnon à quatre pattes. Le nouveau compagnon d’Adam n’était d’ailleurs pas tellement sauvage.  Sortant doucement du sac du jeune homme, le voilà qui s’approche de Rose pour lui réclamer d’autres caresses. Avec un sourire attendri, la voilà qui gratouille doucement la tête du petit chat, entre les deux oreilles. La jeune bibliothécaire aime bien les chats. Ils sont libres et indépendants, mais très affectueux une fois apprivoisés. Un peu comme elle, peut-être. Cependant, elle garde une affection toute particulière pour les grands animaux sauvages. Surtout les ours. Son amour pour cet animal est d’ailleurs un détail qui a toujours beaucoup étonné et fait rire son entourage. Ses parents, son oncle, ses ami/e/s… Mais tous s’accordaient pour dire que Rose avait un petit côté ‘ours’, en elle. Qu’elle ressemblait à un animal sauvage du fin fond de la forêt. Quand même ! Elle était un peu plus sociable que cela, non ? Bon, d’accord… Pas toujours. Seulement quand elle en avait envie. Et aujourd’hui, avec Adam, elle avait envie d’être sociable et agréable. Le jeune homme tombait bien !

Et le voilà qui – en plus – commentait le livre qu’elle était en train de lire. Positivement ! Décidément, il savait parler aux gens, celui-là. Il faudrait peut-être qu’elle lui demande, un jour, de lui montrer comment faire ? Mais pour le moment, elle ne peut qu’approuver vigoureusement les dires d’Adam, en hochant la tête, tout sourire. S’il commence à lui parler bouquins, ils peuvent en avoir pour des heures ! Nul besoin de rappeler que Rose est bibliothécaire. Passionnée par son métier, qui plus est.

« Oh oui ! J’ai découvert ce livre quand je suis arrivée en Amérique. J’avais quatorze ans et depuis, je ne l’avais jamais relu. Un élan de mélancolie, peut-être ! Mais quand je l’ai vu sur une étagère de la bibliothèque, je n’ai pas pu résister à l’envie de me l’emprunter. »

Elle a un petit rire avant de baisser les yeux vers le petit chaton qui, roulé en boule sur les jambes d’Adam, semble dormir profondément. Cette vision la fait sourire et elle accepte volontiers la cigarette que lui tend le jeune homme. Elle ne fume pas beaucoup, pourtant, juste comme ça de temps en temps, quand l’occasion se présente. Elle l’allume à son tour et en prend une bouffée avant d’hausser les épaules pour répondre à Adam.

« Tu sais, j’ai eu de la chance d’avoir des parents qui m’ont laissée lire de tout mon saoul. Ma mère était une grande passionnée de littérature, et mon père nous offrait tout le temps des livres c’était… Drôle. »

Rose adresse un sourire à Adam avant de détourner les yeux vers sa cigarette. Parler de sa famille ? Mais elle ne va pas bien ! Il faut qu’elle se reprenne tout de suite. Heureusement pour elle, le jeune garçon continue de lui parler. Il est bien bavard et cela arrange beaucoup la jeune bibliothécaire. Elle a toujours été plus douée pour écouter que pour parler, de toute façon… Parler lui fait peut-être un peu peur, qui sait ? Elle fait un signe de la main négatif pour montrer à Adam que non, sa présence et celle du chaton ne la dérange pas le moins du monde. Puis… Le voilà qui prend de l’assurance et lui avoue vouloir lui demander quelque chose… Les yeux de la demoiselle se tourne de nouveau vers lui, et ses lèvres qui retiennent la cigarette s’étirent en un léger sourire.

« Aaaah, nous y voilà ! Je savais bien que tu ne venais pas me voir par simple bonté d’âme. » Plaisante-t-elle en lui adressant un clin d’œil. « Je vois exactement de quel livre tu veux parler. Il est vraiment superbe, je te l’accorde ! Il a l’air de te plaire, en tout cas… »

Elle en a d’ailleurs la preuve avec ce que le jeune garçon lui demande ensuite. Emprunter le livre pour une nuit ? Elle le regarde en clignant des yeux avec de lui adresser un sourire plein de malice. Transgresser les règles ! Voilà une autre des passions de la jeune fille… C’est son plaisir, d’ailleurs. Tant que cela ne met pas en danger qui que ce soit, évidemment. Désobéir est tellement jouissif ! Un comble, pour quelqu'un d'aussi autoritaire qu'elle ! Mais elle ne sait pas trop pourquoi – peut-être est-ce la prise de risque, le danger d’être découverte – mais quelque chose l’attire indéniablement vers la désobéissance. Alors… Ce que lui demande Adam…  Elle prend tout de même un air faussement outré pour lui répondre.

« Quoi ? Tu oses me demander de de faire sortir de la bibliothèque un livre exclu du prêt uniquement pour tes beaux yeux ? Oh, ne prend pas cette moue de chien battu pour m’attendrir ! Ma décision est déjà prise… Passe vendredi soir, à l’heure de fermeture. C’est moi qui me charge de fermer les portes de la sacro-sainte bibliothèque, alors je pourrai te le passer sans que personne ne nous voie. Et soit là samedi matin un quart d’heure avant l’ouverture… C’est moi qui m’en occupe ce jour-là, je pourrai donc remettre le livre à sa place ni vu ni connu. Vraiment, tu as beaucoup de chance, tu le sais ça ? »

La brunette essaie bel et bien d’avoir un air détaché, mais ses yeux brillent et la trahissent. Oui, ça lui plait de faire sortir un livre en douce de la bibliothèque. Elle espère seulement pouvoir faire confiance au garçon… Après tout, cela est un bon exercice pour elle. Elle lève tout de même un doigt un peu menaçant vers lui, et fronce légèrement les sourcils.

« Par contre… Tu y fais TRES attention, d’accord ? Si tu n’abimes ne serait-ce qu’une ligne, qu’une lettre de ce bouquin, tu auras affaire à moi. Et je n’ai peut-être pas l’air, comme ça, mais pense que je peux être très cruelle si j’en ai envie. Tu vois ? »

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