Aujourd'hui, j'ai 13 ans. Je regarde par la fenêtre. Toujours ce groupe d'enfants qui se regroupent à l’arrêt de bus au bout de la rue. Ils doivent avoir mon âge...
Je n'ai jamais vraiment eu d'amis... personnes avec qui jouer... Ce que je souhaite, c'est d'aller au collège, comme tous les autres, me faire des amis, devenir populaire, avoir un petit copain aussi...
Au lieu de ça, je suis enfermé dans ma chambre, à passer mes journées à lire, travailler ou dessiner... Ma mère part travailler tôt le matin et rentre tard...
Pourquoi je ne peux pas sortir juste un peu ? Ma mère est tellement parano d'une possible rechute que la moindre sortie doit être organisée une semaine à l'avance ! »

*ding dong ding dong*

La sonnette ? Personne ne sonne quand ma mère n'est pas là pourtant... Oh ! C'est sûrement l'infirmière ! »
Abby descend les escaliers en courant et s'empresse d'aller ouvrir la porte :
- excuse moi... je... j'ai lancer mon ballon dans ton jardin sans faire exprès... je peux aller le récupérer ?..
Abby, surprise, resta planté sur le palier de sa porte. Devant elle, se tint un garçon de taille moyenne, à la coupe de cheveux assez négligé, le jean troué par de nombreuses chutes... Il devait être à peine plus âgé que la jeune fille...
- C'est que... ma mère n'est pas là... désolée !
En s’apprêtant à fermer la porte, le jeune adolescent retint la porte.
- Allez steuplé quoi !
- J'ai... je n'ai pas le droit de sortir pardon... répondit timidement la jeune fille
- Quoi ? Hahaha ! C'est la première fois que j’entends ça ! Quel genre de parents enferment leur enfant à la maison ? Allez sors un peu, il fait si beau dehors pourtant !
Cette attitude si décontractée laissa Abby totalement décontenancé... C'était la première fois que quelqu'un d'aussi joyeux apparaissait devant elle... Depuis longtemps elle n'avait pas vu de visage aussi souriant, si chaleureux... À cause de sa maladie, sa mère souriait de moins en moins, et tous les médecins lui parlaient d'un air grave.
« Et puis, pourquoi pas ? Après tout c'est mon anniversaire aujourd'hui ! Je suis presque guéri, sortir un peu ne me fera pas de mal. Et puis il faut juste aller chercher un ballon ! Ce n'est pas la mort ! » pensa-t-elle.

C'est ainsi qu'Abby eut son premier ami. C'était un garçon du voisinage qui venait souvent jouer dans le quartier. Il était d'un an son aîné et allait au collège de la ville. Désormais, tous les après-midi après les cours, avant de rentrer chez lui il passait chez Abby pour aller jouer dehors dans le jardin. Elle prenait plaisir à lui montrer ses dessins, et lui apprenait à jouer au foot ou au basket. Toutefois, pour ne pas inquiéter sa mère, Abby ne lui parla pas de ce nouvel ami, qui la rendait très heureuse.

~

« Un an après, alors que je croyais que ma vie avait retrouvé un semblant de normalité, tous mes espoirs se sont écroulés comme un vulgaire château de cartes instable...
Ma mère est venue m'annoncer que l'on déménageait. Je n'ai jamais cru à sa mutation.
Je ne sais toujours pas qu'elle était la vraie raison, mais tout est allé très vite. Mon plus gros regret est que je n'ai pas pu annoncer mon départ à mon ami : il était parti en vacances avec sa famille.
J'ai donc dû quitter Oak Harbor, la ville où j'ai grandi, pour Little Rock dans l'Arkansas.
À 16 ans, pour la première fois de ma vie, je suis allée au lycée : ma maladie étant complètement guérie, j'ai réussi à persuader ma mère d'aller au lycée. Mais ça ne s'est pas très bien passé non plus... Je n'ai pas vraiment réussi à m'intégrer, et j'ai souvent été la cible de nombreuses moqueries... J'ai quand même réussi à me faire deux amies.
J'ai été diplômé, et après ça je suis partie dans une université d'art à New York.

Aujourd'hui, j'ai 23 ans, et me voilà de retour à Oak Harbor. Ma mère me l'a strictement interdit, mais elle me croit toujours à New York. Je sais que je fais une erreur. Mais je n'ai jamais oublié mon seul ami, et je cherche à prendre un nouveau départ dans cette ville. »