Ce fut dans un état second qu'Aiden grimpa dans sa voiture ce jour là. Il avait plu des cordes pendant tout le début de l'après midi, mais le temps venait de brusquement se calmer, et la pluie de disparaître aussi vite qu'elle était venue. Le blond était resté à son appartement, à jouer de la guitare, lorsqu'il avait été surpris par la violence de la pluie tombant contre ses fenêtres. Il s'était levé, avait lâché sa guitare et s'était approché de ses fenêtres. Ainsi, pendant une bonne dizaine de minutes, il avait fixé les gorgées d'eau se précipitant dans la rue, et il en était ressortit changé. Dix minutes plus tard, c'était un homme fou amoureux, qui contemplait l'extérieur.

Sans bien comprendre pourquoi, il s'était alors levé, avait attrapé la laisse du chien et avait quitté son appartement pour rejoindre sa voiture. Il avait roulé, emmenant son cabot avec lui, et c'était arrêté chez le fleuriste. Le temps c'était métamorphosé sur la route, alors qu'il conduisait en sifflotant, et s'arrêtait devant chez la belle Célie. Eh oui, vous ne rêvez pas. Le blond s'arrêtait bel et bien devant chez la femme qu'il était sensé détesté, un bouquet de rose à la main, et la laisse du chien qui ne le quittait jamais dans l'autre. Sans hésitation, il sonna chez la demoiselle, et attendit patiemment qu'elle vienne ouvrir. Aiden était incapable d'expliquer son comportement, il était dans un état second, comme tous les habitants de la ville d'ailleurs, il n'était pas le seul. Tout le monde était amoureux en ce moment même, et lui, il était fou amoureux de Célie. En un sens, il l'avait toujours un peu été... Enfin chut, ça c'était une autre histoire, bien plus compliquée et en aucun cas provoqué par une quelconque pluie d'amour.

Un immense sourire vint se loger sur ses lèvres lorsque la douce Célie lui ouvrit la porte. « Bonjour mon amour. » dit-il, croisant son regard. « Je suis désolé de ne pas être venu plus tôt, mais je n'ai pas oublié la st valentin tu vois ! » il ajouta, lui tendant le bouquet. « Joyeuse St Valentin, donc. » conclu-t-il d'un sourire rayonnant, lui jetant un regard tendre mais en vérité un peu précoce pour être vraiment sincère. Ce n'était qu'un mirage provoqué par une quelconque magie, cette tendresse dans le regard d'Aiden était un peu mécanique. La véritable arriverait peut être un jour...

La journée pluvieuse n’avait pas eu raison de ma bonne humeur, je rayonnais aujourd’hui et ce malgré les grosses gouttes de pluie qui n’avaient pas cessé de tomber de la journée. Profitant de ce jour où je n’avais pas cours, j’avais été faire les boutiques afin de me trouver quelques nouvelles tenues. Tout le monde semblait dans cet été d’extase et, pour tout vous dire, ça faisait du bien de voir une mine souriante à chaque fois que l’on croisait le visage de quelqu’un. En rentrant chez moi, j’avais pris soin de ma petite personne : épilation des sourcils aux mollets, soin du visage, bain moussant, masque capillaire, … Je n’avais absolument rien oublié ! J’avais ensuite fait attention à me maquiller avec élégance et raffinement avant d’enfiler une des nouvelles petites robes que j’avais acheté quelques heures plus tôt. Noire, relativement courte, assez moulante, elle était parfaite pour cette soirée.

Mettant une petite musique d’ambiance, j’attendais. Oui, j’attendais. Mais, j’attendais quoi au juste ? L’Amour ? Je crois que même moi, je n’en avais pas conscience. Néanmoins, lorsque j’entendis la sonnerie de la porte d’entrée retentir, je ressentis un nœud étrange dans l’estomac, comme si je venais de faire un tour de montagnes russes. D’une marche rapide mais féline, je parcouru les quelques mètres qui me séparaient de cette porte. Lorsque je vis Aiden un bouquet de fleurs à la main et un grand sourire sur les lèvres, je me pus m’empêcher de sourire à mon tour. Par contre, chose étrange : je n’étais absolument pas étonnée de le voir débarquer chez moi. A vrai dire, c’est lui que j’attendais.

« Bonjour mon amour. Je suis désolé de ne pas être venu plus tôt, mais je n'ai pas oublié la st valentin tu vois ! », dit-il avec un regard d’amoureux transi avant de me tendre le bouquet de fleurs que je ne tardai pas à embarquer. « Moooh, t’es un amour, mon cœur », répondis-je avec des étoiles plein les yeux. Ses mots ? Sortant de ma bouche ? Pour Aiden ? Non, ce n’était pas normal. Même lorsque j’étais amoureuse, je n’étais pas aussi gnangnan. Sauf que ça, je n’en avais absolument pas conscience. « Joyeuse St Valentin, donc. » Je lui souris tendrement avant de prendre sa main pour le faire entrer dans l’appartement. Une fois la porte fermée et le bouquet déposé sur la table, je me tournais vers lui et l’embrassai rapidement, furtivement. C’était un baiser simple, doux mais néanmoins sans passion. Un baiser monotone, comme ceux que les vieux couples s’échangent avant d’aller travailler ou de se mettre au lit. « Merci, mon amour. Par contre, toi, tu vas devoir attendre encore un peu pour ton cadeau. » Je lui lançai un petit sourire espiègle, ayant ma petite idée derrière la tête, sachant parfaitement comment allait se dérouler ce moment. « Mais, tu peux quand même manger ce que j'ai préparé maintenant. » De nouveau, un petit sourire charmeur pour la route. J’avais toujours adoré cuisiner et je devais bien avouer que je me débrouillais pas mal mais, c’est vrai qu’avec les études, je n’avais jamais vraiment le temps.. Pourtant, je l’avais fait. Ici. Aujourd’hui. Pour lui.

Un étrange sourire s’était emparé des lèvres du blond en voyant la porte s’ouvrir. A la seconde où il avait croisé le regard de la jolie brune, son visage avait pris une sorte de tendresse qui ne lui ressemblait pas. Ce n’était pas le vrai Aiden qui se tenait devant cette porte, c’était un Aiden ensorcelé. Il observa sa douce et tendre et lui tendit son bouquet de fleurs, qu’elle prit. « Moooh, t’es un amour, mon cœur » Mon cœur ? Ces mots là adressés à Aiden semblaient surnaturels de la part de Célie, et pourtant elle aussi semblait totalement sous le charme. Aucun des deux ‘’ennemis’’ ne semblait comprendre ce qu’il se passait, et chacun jouait le jeu, ayant mit subitement leur haine de coté pour partir dans une tendresse presque exagérée, voir très fausse.

La belle Célie fit entrer le prof de sport chez elle. C’était la première fois qu’Aiden pénétrait dans l’appartement de la jeune femme, mais pourtant ça ne lui faisait ni chaud ni froid. Il ne ressentait pas grand-chose à ce moment là, il était un peu comme un pantin ou un robot, maitrisé par un maitre invisible. Il ne ressentait rien, il avait laissé l’inconnu amoureux le contrôler. Il remarqua cependant que Célie s’était faite toute belle pour l’occasion. D’ailleurs celle-ci l’embrassa doucement, un petit smack rapide qui ne fit ni trembler le blond, ni lui faire ressentir quelque chose. Aucune rage, aucune haine, aucune véritable tendresse en vérité… C’était un baiser calculé, comme habituel. Il n’avait rien de passionné. La pluie d’amour ne faisait pas tout.  « Merci, mon amour. Par contre, toi, tu vas devoir attendre encore un peu pour ton cadeau. » Surpris, il pencha la tête sur le coté, souriant grandement. « Attendre ? Rooh… » Il était curieux de savoir à quoi il pouvait bien avoir le droit de la part de la miss. Qui aurait cru qu’un jour Aiden aurait le droit à un cadeau pour la St Valentin ? … Enfin la question était plutôt : qui aurait cru qu’Aiden fêterait un jour la St Valentin ? « Mais, tu peux quand même manger ce que j'ai préparé maintenant. » Il hocha la tête, frottant ses mains entre elles. « Aaaah, avec plaisir ! » Il s’avança vers la cuisine, comme si il connaissait l’endroit par cœur, comme si il était devenu des centaines de fois avant. « Qu’est-ce que tu as préparé de bon, ma chérie ? » Ma chérie… ? Cette pluie d’amour était vraiment mesquine… Comment un tel mot pouvait sortir de la bouche d’Aiden le libertin, l’anti-affectif ? Il se baissa à la hauteur du chien. « Je peux le lâcher ? » Il demanda, désignant la laisse. Le toutou vint faire la fête à Célie. Lui n’était pas sous l’emprise d’un quelconque sort contrairement à son maitre, il était juste adorable de nature… En un sens Aiden l’était aussi de nature, enfin, à sa façon.

Bien que ce moment soit des plus étranges et surnaturels, je ne me rendais compte de rien et, apparemment, Aiden non plus. Nous étions devenus en quelques heures un couple niais des plus ordinaires. J'avais juste envie de le prendre dans mes bras, de l'embrasser, de roucouler et de lui susurrer des mots doux à l'oreille. Toute la haine qu'il pouvait provoquer chez moi semblait s'est totalement volatilisée. J'avais l'impression de rêver.. Vous savez, quand vous avez l'impression de vous voir faire quelque chose en étant persuadé de ne pas le faire réellement. Cette situation était insensée et pourtant, à l'instant présent, je n'en avais absolument rien à faire. Tout ce qui comptait, c'était lui.

Lorsque je fis part à mon cher et tendre qu'il devrait encore attendre un petit peu avant de pouvoir recevoir son cadeau, je vis une petite moue se former sur son visage. « Attendre ? Rooh… » Mais rapidement, je me rattrapai en lui annonçant que je lui avais concocter un bon petit plat et qu'il pourrait y gouter dès à présent. « Aaaah, avec plaisir ! » Il entra ensuite dans la cuisine comme si il la connaissait depuis toujours, il ne découvrait rien. « Qu’est-ce que tu as préparé de bon, ma chérie ? » Même son "ma chérie" ne me fit pas tiquer, je restais là à l'observer, à moitié ébahie devant son visage. Je lui montrai ensuite d’un coup d’œil le four avec un sourire. « Du canard laqué, je sais que tu aimes ça », lui dis-je sans perdre cette mine d’adolescente amoureuse. Comment pouvais-je bien connaitre ses goûts culinaires ? Encore une énigme parmi tant d’autres. Ce n’était pas cela qu’il manquait à cette soirée : de la bizarrerie. Ouvrant la porte du frigo, je sorti une bouteille de vin blanc avant de lui tendre, sachant d’ores et déjà qu’il allait l’ouvrir avant que je ne lui propose. Il me demanda ensuite s’il pouvait lâcher son chien. Non mais quelle question ! « Bien sûr que oui, il est ici chez lui. » Lorsqu’il détacha son adorable batard, ce dernier ne tarda pas à venir se frotter contre mes jambes. Sans tarder, je lui caressais alors la tête avant de mettre de l’eau dans un bol pour qu’il se réhydrate un peu.

Une fois le chien occupé à boire, je me dirigeais vers Aiden et m’assis sur ses genoux avec un naturel à faire peur. Je laissai mes doigts se balader autour de son cou tout en respirant ce parfum qui m’envoutait tant. « Tu m’as vraiment beaucoup trop manqué, tu sais. », lui dis-je avec une voix suave avant que ma main ne remonte vers sa joue. « A présent, on ne se lâche plus. », ajoutais-je avant de lui lancer un nouveau sourire éclatant et de poser ma tête sur son épaule.

Il aimait bien cet appartement. L'endroit sentait le propre et les meubles raffinés, et pourtant il aimait bien. C'était totalement différent de chez lui -ce n'était pas forcément sale, mais le style, les meubles et l'ambiance était différents- mais pourtant il aimait bien, il s'y sentait à l'aise. S'il y avait une chose qu'un macho comme lui pouvait apprécier, c'était bien l'appartement des femmes. Ça sentait bon, on s'y sentait de suite à sa place... On avait envie de tout saccager, certes, mais ça c'était parce qu'un bon vieux clochard comme lui aimait faire le fou. Enfin bon, refermons la parenthèse. « Du canard laqué, je sais que tu aimes ça » Bizarrement il ne fut pas du tout surpris qu'elle sache cela. C'est vrai qu'il adorait le canard laqué, mais rares étaient les personnes qui le savaient. Aiden aimait la viande, toute sorte de viande, il n'était pas bien difficile en goûts culinaires, ça non. Il mangeait quasiment de toute, à une vitesse assez impressionnante d'ailleurs... Un homme quoi. Disons que désormais il ne pouvait plus se justifier par un ''je suis en pleine croissance'', à trente ans, ce serait assez dramatique. « C'est vrai que j'aime ça. En tout cas ça sens très bon ! » Il déposa un baiser sur sa nuque avant de se baisser pour détacher le chien, ayant acquis l'autorisation de la belle Célie. « Bien sûr que oui, il est ici chez lui. » Le chien vint faire la fête à la brune, avant d'aller trottiner un peu dans l'appartement, revenant pour boire le bol d'eau qu'elle lui avait servi. Il remua la queue en guise de remerciement.

Aiden fila s'asseoir, sur le confortable canapé du salon. Célie ne tarda pas à le rejoindre, grimpant sur ses genoux. Il lui adressa un sourire, attrapant ses hanches et les caressant doucement. « Tu m’as vraiment beaucoup trop manqué, tu sais. » Il frémit en sentant ses doigts, appréciant le contact. Elle était belle, elle sentait bon, et elle était si douce avec lui... Plus douce qu'aucune femme ne l'avait jamais été. « Tu m'as manqué aussi... » Il murmura, sa joue chauffant au contact de la main de la jeune femme. « A présent, on ne se lâche plus. » Il rit un peu. « Tu n'as pas peur que je te colle ? » Il glissa avec toute la douceur dont il pouvait faire preuve, sacré pluie d'amour, ces doigts dans les cheveux de la belle. Un geste important, que peut être il referait plus tard ? « Hmm, mais tu es sublime ! » dit-il en remarquant enfin sa tenue. « T'as sortis le grand jeu. » Il lui adressa un petit sourire en coin.