« Où vas-tu ? » « Avec un peu de chance, je vais de l'avant. »
Les rêves des amoureux sont comme le bon vin
Ils donnent de la joie ou bien du chagrin
Affaibli par la faim je suis malheureux
Volant en chemin tout ce que je peux
Car rien n'est gratuit dans la vie.
Un enfant pleure, encore et encore. Car on vient de l'arracher de sa mère surement, ou aussi parce qu'il essaie de respirer dans ce nouveau monde maintenant. Mais il se calme très vite et ouvre les yeux pour regarder les adultes autour de lui. Ce bébé, c'est moi. Hunter Maddox Jerriko. Autant vous dire qu'avec des prénoms comme ça, mes parents ne devaient pas beaucoup m'aimer. Je plaisante, c'est faux. Ma mère s'est toujours beaucoup occupé de moi, puisque mon père n'était jamais à la maison, et lorsqu'il rentrait, il était bourré ou trop fatigué. Ma maman, Cécilia, était une très jolie femme qui pouvait faire tomber amoureux d'elle un homme en un battement de cil. Malheureusement, un mariage forcé avec mon père, et la voilà contrainte à la vie monotone de femme au foyer, elle qui se voyait chanteuse ou grande actrice, surtout que les anglais aiment bien les femmes à la peau bronzée. Et c'est d'ailleurs avec l'un d'eux qu'elle est partit. Lorsque j'étais enfant et que mon petit frère venait de naitre. Elle n'a pas pensé à nous et s'est enfuie.
« Voilà toute l'histoire fils. » J'avais à peine une dizaine d'années lorsque mon père nous a raconté toute l'histoire, mais j'avais déjà bien compris. La mine toute triste après l'histoire pour s'endormir en rêvant.
Ça fait cinq ans maintenant que je connais la vérité, même si elle est dure je vie avec, car de toute façon, se morfondre n'y changera rien. Nous vivons déjà assez dans un en droit médiocre, ce n'est pas la peine de déprimer encore plus. Même s'il est vrai que j'attends toujours un signe de ma mère, j'ai l'espoir qu'elle m'envoie une lettre, un cadeau d'anniversaire, mais il n'y a jamais rien de sa part pour moi, n'y pour aucun autre membre de notre famille d'ailleurs.
En passant devant un magasin, je m'arrête et lis la couverture d'un livre de cuisine avec dessus un gros bonhomme qui me fait sourire. Oui, cette couverture donne le sourire aux gens, et à moi aussi. Avec le peu d'argent que j'ai, je réussis quand même à l'avoir. Mais je n'avais pas vu que tout à l'intérieur était marqué en anglais. C'est alors qu'à commencé mon apprentissage pour savoir parler la langue qu'ils parlent là-bas, dans ce pays magique où tous les rêves sont possible. L'Amérique.
« Je comprends rien à ce livre... Ca-rrot ? » Mon frère Enrique est trop drôle, il est naïf mais sait garder un secret, on se ressemble beaucoup lui et moi et je l'aime tellement.
« Une carotte. » Enrique venait d'apprendre un mot et il en était tout épaté. Il me rendit le livre, de toute façon ça ne lui servait à rien.
« Tu sais tout en anglais, t'es super fort, woaaaw ! » Je secoua la tête en négation, et rigola en même temps. Maintenant que je connaissais l'anglais et que j'ai un livre de recette, il ne me manque plus que la cuisine... Ha mais j'en ai une de cuisine !
« Allons à la maison, je vais faire quelque chose d'incroyable. » Mon don pour la cuisine s'est amélioré en un rien de temps, mon père était vraiment fier de moi pour une fois et je faisais toujours la cuisine à la maison dorénavant. J'approchais bientôt de la majorité, dans à peine quelques jours. Et mon envie de conquérir une vrai cuisine et aux États-Unis grandissait de plus en plus en moi. J'ai attendu quelques mois avant de le dire à mon père, je savais directement comment il allait le prendre, mais tant pis, je me jette à l'eau.
« Papa... J'ai quelque chose à te dire... »
L'espoir est un plat bien trop vite consommé
A sauter les repas je suis habitué
Un voleur solitaire est triste à nourrir
A un jeu si amer je n'peux réussir
Car rien n'est gratuit dans... La vie...
« NON NON ET NON ! » se mit alors à crier mon père après que je le avoua vouloir partir en Amérique pour réaliser mon rêve d'adolescent. Un claque s’abat sur ma joue, je vois qu'il s'en veut énormément d'avoir fait ça, mais je m'enfuis de la maison.
« MADDOX ! Maddox ! » Je m'en allais en courant, le plus vite possible, ne voulant plus l'entendre lorsqu'il m'appelle. Je regarde l'argent dans mon porte monnaie, assez pour prendre le taxi ? J'ai peur. Je m'assieds dans une rue, main sur les oreilles, tête baissée et les yeux fermés. Mon frère Enrique m'avait suivi jusque là, il m'aime au plus profond de son cœur et jamais il ne m'abandonnerait. Je relève la tête alors qu'il s'assied à côté de moi, mangeant un paquet de chips.
« C'est loin l'Amérique, et pourtant tu manges comme eux ! » Je souris difficilement en plus piquant un peu de chips.
« Je vais partir Enrique. » Il termine sa bouche et hausse ensuite les épaules.
« J'ai entendu, les murs ont des oreilles. Sauf que nous c'est pas des murs qu'on a, c'est des crêpes... Crêpes. » Il avait insisté sur le dernier mot, car il adore manger contrairement à moi qui n'aime que cuisiner. Tout ce que je prépare, il le goûte soigneusement et me dit ce qu'il en pense. Il faut toujours l'avis d'un critique, qu'il soit grand ou petit. Il sort de l'argent de sa poche et me le tend.
« Prend un taxi, il t'emmènera à un bateau et tu pourras partir... » J'hésite à prendre l'argent qu'il tient dans sa main, puis d'un coup sec je range le tout dans ma poche.
Une dernière chips, un câlin, et les yeux dans les yeux je lui dis au revoir. C'est mon frère, celui qui m'a toujours soutenu, il va me manquer, comme
tout ici. Le taxi m'emmène alors à Mazatlán, moi qui habitait à Monterrey... Il y a quand même plus de neufs heures de route, alors je m'endors. Lorsque je me réveille, le soleil est bas mais nous sommes au port. Le conducteur me demande l'argent et je lui donne tout ce que j'ai, sans petit supplément, je ne peux pas. Ma démarche est lente, il n'y a plus que quelques bateaux au port. Vont-ils tous aux États-Unis ? J'aperçois alors un homme en train de charger sa grosse péniche.
« Où va ce bateau ? » Il me toise de haut en bas, puis fronce les sourcils.
« Aux USA, pas de clandestin à bord. » Quel con, vraiment. Je suis agile et téméraire, je trouverais un autre moyen de monter dans son bateau. Et puis comme il fait nuit j'ai un peu plus de chance qu'il ne m'attrape pas. Je me cache entre deux containers et regarde le couché du soleil, tandis que le bateau démarre doucement, je m'endors encore une fois.
Je claque des dents, il fait froid ici, et le bruit est incessant. Je me réveille et je regarde autour de moi, où suis-je ? Il y a de la neige partout, absolument partout. Nous ne sommes pas en Amérique, c'est impossible ! Moi, avec mes vêtements d'étés, je meurs de froid. Il est temps pour moi de descendre de ce fichu bateau et d'aller découvrir les alentours. Je reste sur mes gardes, je ne suis pas le bienvenu ici, les regards me le font comprendre.
« Brrr. J'ai faim, j'ai froid... » J'aperçois un panneau
"Welcome to Oak Harbor, Washington, USA." Je reste planté devant, bouche bée et me met à sauter de joie.
« Maintenant, je ne parle plus qu'anglais ! »Après plusieurs jours à dormir dehors, je reprends la route, et marche encore et encore, pour enfin arriver devant un grand restaurant, cinq étoiles. Je monte sur des cagettes et regarde à l'intérieur, posant ma main sur mon ventre, mangeant que ce que je trouve en ce moment. J'ai faim. Qu'est ce qu'il fait lui ? Il invente une nouvelle recette ? C'est un plongeur alors...
IL GÂCHE LA SOUPE ! Un sentiment de déjà vu me submerge et je manque de tomber dans les pommes. Je me reprends et passe par la petite fenêtre ouverte, assez svelte pour le faire, personne ne me remarque car il n'y a pas grand monde, alors je coupe et découpe et met les ingrédients dans la soupe. Je la goute, mh, un délice. J'allais repartir... Mais je me retourne et ajoute d'autres ingrédients, Karl arrive, le plongeur qui était là avant. Je le regarde, choqué, lui aussi. Il ne cri pas ? Étrange. Mais le chef appelle la soupe et Karl me cache tant bien que mal derrière lui.
« KARL !? Vous cuisinez !? Depuis quand un plongeur cuisine, hein !? » Je bouge dans le dos de Karl et me ramasse la gueule par terre, un grand sourire aux lèvres, tandis que je ris nerveusement, tout le monde me regarde.
« AAAAH UN VOLEUR ! ATTRAPEZ LE ET FAITES LE FRIRE ! » Karl m'attrape par le bras alors que je suis affolé et je ne pense qu'à m'enfuir.
« Faites le disparaitre ! Loin ! Et vous... Je vais gouter cette soupe, si elle me plait, vous devrez la refaire, exactement. » Karl déglutit et m'emmène loin en courant, reprenant son souffle, il me retient toujours par le bras.
« Toi, tu sais cuisiner hein... Pas moi. Dit moi que la soupe ne sera pas mauvaise. Est ce que tu comprends au moins ce que je te dis ? Si je perds ce travail je suis foutu, FOUTU ! C'est de ta faute, alors tu vas devoir m'aider. Tu viens d'où comme ça ? » Il me regarde dans les yeux, et tellement je suis affolé, je perds mon anglais et n'arrive pas à répondre.
« ... Tu comprends pas, c'est ça ? Essaie quand même ! » Je prends une grand inspiration et ferme les yeux, puis en les rouvrant je lui souris.
« Je viens du Mexique. » Après lui avoir raconté toute l'histoire sur un banc non loin du grand restaurant que nous venons de quitter, il me ramène dans son petit chez lui, mais qui est déjà assez suffisant pour moi. Tandis que je dois lui apprendre à cuisiner, lui doit m'avoir des papiers et me garder sous son toit.
« Coupe plus fin les oignons. » Karl a une mini-caméra sur l'oreille et un micro dedans. Il entend ce que je lui dit et je vois ce qu'il fait. Il est vraiment nul en cuisine, et moi j'ai une sorte de don. Comme je ne peux pas m'exposer au publique, il va falloir faire avec, et c'est la seule solution qu'on a trouvé pour que je puisse cuisiner. La vie est dure. Mais je fais avec et je garde espoir qu'un jour moi aussi je sois Américain. Un extrait de la lettre que je viens d'envoyer à mon petit frère que je n'ai pas vu depuis des années maintenant. Je ne les ais pas oublié. Mais je n'arrive pas à faire un choix entre eux, et ma vie de presque cuisinier.
Mais Karl est tombé amoureux de celle qui doit s'occuper de lui.
« Surveille ta cuisson. » ...
« Surveille ta cuisson ! » Il continue à écouter et à regarder tendrement la jolie brune, le plat brûle et ça m'énerve plus que tout.
« KARL BORDEL ! D'EMMERDE TOI TOUT SEUL SI TU T'EN SENS CAPABLE ! » J'enlève mon micro et part faire un tour, pour me changer les idées, je suis tellement à fleur de peau que j'en suis désolé. J'aimerais tellement être un grand chef, pouvoir leur montrer tout ce que je sais faire, c'est pas à travers d'un écran que je pourrais faire ça, quel idiot je suis.
Je rejoins Karl, le soir, dans la cuisine du grand restaurant, il doit tout laver alors je viens lui donner un coup de main. Il me fait un énorme câlin pour s'excuser mille fois encore.
« Ah, je vais finir la plonge. » Il me tend une clé.
« Le chef m'a confisqué mon portable aujourd'hui, je ne veux pas le récupérer demain alors j'ai pris sa clé. Tu veux bien aller le chercher pour moi ? » Je prends la clé et fais oui de la tête avec un grand sourire. J'ouvre doucement la porte, puis cherche dans les tiroirs. J'y vois le livre que j'avais au Mexique étant petit et qui m'a donné cette envie de cuisiner alors je l'ouvre et remarque des papiers dedans.
« L'écrivain de ce livre était l'ancien chef de ce restaurant..? Un tes-ta-ment, c'est quoi ? » Curieux comme je suis, je regarde, et lis encore et encore.
Le lendemain, Karl devint l'heureux propriétaire du restaurant. Il avoua tout d'un bloc à tout le monde : Qu'il n'avait aucun don et que c'était moi qui cuisinait. Beaucoup sont parti en entendant ça, même celle qu'il aimait.
« Oh... » Je pose ma main sur son épaule, et lui dit tristement.
« Reprend toi Karl, tout va bien. » Bien sur que non, tout n'allait pas bien, ce soir un célèbre critique culinaire allait venir, comment faire à deux ? Mais je ne me laissais pas décourager et pendant qu'il servait les clients, je me dépêchais de cuisiner. Liza revint dans le restaurant, elle m’aperçut et se dirigea vers moi. Je fis glisser ce que je voulais préparer au critique devant ses yeux.
« Bon, si tu veux. » On travaillait main dans la main, et le critique fut conquis. Je n'aurais pas rêvé mieux. Seulement, Karl décide quelques mois après de fermer le restaurant et de vendre la structure. Il veut ouvrir son propre restaurant, et que tout le monde vienne. Un peu choquant comme révélation, mais je ne pouvais qu'accepter. Il ne manquait plus que je sois un vrai citoyen reconnu, et ma vie serait comblée.
La fête va enfin commencer
Sortez les bouteilles; finis les ennuis
Je dresse la table, de ma nouvelle vie
Je suis heureux à l'idée de ce nouveau destin
Une vie à me cacher et puis libre enfin
Le festin est sur mon chemin
« Tu ne devineras jamais ce qui vient d'arriver ! » Ma tête se retourne et je regarde mon colocataire par dessus mon épaule, je regardais dehors car la vue est belle. Magnifique.
« Le loyer ? Les impôts. » Depuis le temps que j'attends mon passeport, je pouvais toujours rêver.
« Mais non idiot ! Tu es américain maintenant ! » Mes yeux s'écarquillent puis j'ouvre la grosse lettre où se présente devant mon passeport plus d'autre formalité. Je me mets à pleurer, énormément. Karl me prend dans ses bras en rigolant mais les larmes continues de couler à flots tellement je suis heureux.
Quelques mois plus tard, et après un dur labeur pour les travaux des restauration, l'Open Space Circus ouvra ses portes. Il a actuellement trois étoiles, et sans me vanté, disons que c'est grâce à moi, non ? Beaucoup de gens vont et viennent ici, et tous connaissant mon nom, celui d'un grand chef, pas le plus grand du monde, mais au moins, j'ai réalisé mon rêve, moi Hunter Maddox Jerriko, je suis désormais heureux.
ʝamais on ne me dira
Que la course aux étoiles; ça n'est pas pour moi
Laissez moi vous émerveiller et prendre mon envol
Nous allons enfin nous régaler !
FIП